Sarkozy consacre le canton

Publié le par David Régazzoni

 

Archive d'avril 2010

 

On croyait le canton agonisant, voilà que le président de la République l'a consacré comme LA circonscription électorale du futur - au moins pour les 25 ans à venir, jusqu'à la prochaine réforme. De fait, il nous a expliqué dans son discours de Saint-Dizier sur la réforme des collectivités territoriales que, désormais, tous les élus locaux - hors municipaux - émaneront de ces territoires aux contours souvent mystérieux, parfois absurdes, dont le nombre a souvent évolué depuis la Révolution. Dans le Jura, il y en avait à l'époque près d'un cinquantaine contre 34 aujourd'hui. Et ce n'est pas fini : un calcul qu'il serait fastidieux de développer ici permet raisonnablement de penser que l'on passera à une vingtaine de cantons jurassiens en 2014. Les perspectives sont simples : fini, les entités de moins de 6000 habitants. Dès lors, la fusion entre St-Julien et Arinthod est inévitable, tout comme l'absorption de Nozeroy et des Planches par Champagnole. Et ce ne sont que des exemples parmi d'autres... Conséquence inattendue : une atténuation de l'emprise des partis politiques sur le destin de la structure régionale. Aujourd'hui, dans le scrutin de liste actuel, le poids des partis, par le biais de leurs fédérations départementales chargées - avec plus ou moins d'autonomie - d'élaborer les listes, est considérable. Pas question d'envisager de briguer un mandat régional sans faire partie d'une formation clairement identifiée : il n'y a pas d'indépendants dans les conseils régionaux, à part ceux bien sûr qui ont quitté leur groupe d'origine en cours de mandat. En Franche-Comté, ce fut le cas pendant quelques mois de l'ancien FN Maurice Batail avant qu'il ne rejoigne le groupe UMP. Mais revenons à l'essentiel : les partis vont perdre localement un peu de leur influence. Moins que tout autre, la cantonale est un scrutin politique. La personnalité des candidats, plus ou moins sympathiques, avenants et présents sur leur territoire, aura son importance dans ce futur scrutin uninominal à un tour. Dès lors, on peut se risquer à un pronostic : les candidatures dissidentes devraient se multiplier de la part de tous ceux - nombreux - qui ne se verront pas moins légitimes que le candidat "officiel". D'autant qu'il s'agira ni plus ni moins que de décrocher la timbale : l'équivalent de deux mandats en une seule élection. Les observateurs peuvent déjà remercier Nicolas Sarkozy : ils risquent de ne pas s'ennuyer. On verra bientôt qu'il y a bien d'autres conséquences à attendre de cette réforme...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article